Concertations nationales en Guinée: les partis politiques ont ouvert le bal

Ce mardi 14 septembre 2021, c’était le coup d’envoi des concertations nationales initiées par la junte qui a pris le pouvoir le 5 septembre. Des rencontres prévues jusqu’à vendredi au palais du peuple à Conakry, avec « toutes les forces vives du pays », pour échanger sur les contours de la transition, pour l’heure très incertaine. Ce sont les partis politiques qui ont ouvert le bal ce mardi.

Le CNRD, le Comité national de rassemblement et du développement, avait fixé la règle d’un représentant par parti pour le début de ces concertations. Ce qui n’a pas empêché la salle du palais du peuple d’être prise d’assaut pour obtenir le précieux sésame, une carte d’accès aux concertations.

Sur une estrade, entouré de militaires en armes, le colonel Mamady Doumbouya a d’abord fait une mise au point devant les représentants des partis politiques.

Dans un discours qui ne sera retransmis que dans la soirée à la télévision publique, le chef de la junte précise : « cette démarche ne signifie pas que la porte est ouverte à toutes les basses pratiques politiques », « nous n’accepterons pas de commettre les mêmes erreurs que nos aînés », « si nous en sommes encore en 2021 à tout reprendre à zéro dans notre pays, c’est en grande partie parce que nous – l’armée – et vous les élites, intellectuels, politiciens, hauts cadres, avons échoué depuis des années. »

Si nous en sommes encore en 2021 à tout reprendre à zéro dans notre pays, c’est en grande partie parce que nous – l’armée – et vous les élites, intellectuels, politiciens, hauts cadres, avons échoué depuis des années. C’est parce que nous avons toujours mis devant nos intérêts individuels ou de groupes, au dépend des intérêts de la nation et du peuple de Guinée. Cette erreur ne se reproduira plus.

Tour à tour, le colonel Mamady Doumbouya a reçu chaque groupe lors de rencontres à huis clos. Un chef de la junte « calme », « à l’écoute » selon un acteur politique, « respectueux des anciens » selon un représentant d’une coordination régionale et un échange qui va « dans le sens de l’apaisement » a réagi un chef religieux à la sortie.

Du côté des politiques, une quinzaine de leaders ont pris la parole, dont Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, ou encore Saloum Cissé de RPG-Arc en ciel, le parti d’Alpha Condé,qui a insisté sur la libération du président renversé.

Des rencontres dans une ambiance qualifiée de « conviviale » par Ousmane Kaba du Pades, même si certains ont critiqué l’organisation assez confuse ce mardi matin, avec des couacs et des frustrations pour certains représentants qui n’ont pas pu entrer dans la salle, faute de place. A l’image d’Étienne Soropogui du parti « Nos valeurs communes », très en colère. « Cela montre l’engouement pour participer au changement », tempère Kaemou Bogola Haba, de la coalition Anad. Mais globalement les acteurs invités se sont dits satisfaits après ce « premier contact ».

Au final, le programme –au pas de charge – a démarré en retard mais s’est achevé en avance. Pas de concret pour l’instant ni de précisions sur les contours de la transition. Les militaires du CNRD ont demandé à chaque composante de travailler sur un mémorandum, de leur faire des propositions pour élaborer la future transition, sans date butoir avancée. Suite de ces concertations ce mercredi pour la société civile, les missions diplomatiques et les organisations des Guinéens de l’étranger.

C’est une prise de contact, il faut le prendre comme tel et il y aura d’autres sessions qui se dérouleront soit à leur initiative, soit à l’initiative des partis politiques

RFI