25 mai : Honneur aux pionniers de l’unité africaine, mémoire vive et futur à bâtir

En ce 25 mai, nos pensées se tournent d’abord vers ceux qui ont tracé les premiers sillons de l’unité africaine, à la force de leurs convictions et de leur vision. Ahmed Sékou Touré, le Guinéen au verbe franc et au courage inébranlable. Kwame Nkrumah, le Ghanéen visionnaire qui rêvait d’une Afrique fédérée. Julius Nyerere, le Tanzanien philosophe du socialisme africain. Modibo Keïta, le Malien bâtisseur d’une indépendance souveraine. Ces figures majeures n’ont pas seulement mené leurs pays vers la libération. Ils ont posé les fondations d’un idéal : celui d’une Afrique unie, indépendante, solidaire et maîtresse de son destin.

C’est dans cet esprit que naissait, en 1963, l’Organisation de l’unité africaine, devenue aujourd’hui Union africaine. Non comme un simple cadre diplomatique, mais comme le prolongement politique d’un rêve panafricain, toujours vivant. Pourtant, plus de soixante ans après, l’ambition initiale semble parfois s’estomper dans les méandres du réel.

Car ce 25 mai n’est pas une simple date sur le calendrier. C’est une piqûre de rappel. Celle qui éveille les consciences, interroge notre présent et bouscule nos certitudes. L’Afrique se trouve à la croisée des chemins : riche de ses ressources, de sa jeunesse, de ses cultures multiples, mais toujours confrontée à des contradictions tenaces. Une jeunesse dynamique mais souvent bridée. Des matières premières abondantes mais captées par des intérêts extérieurs. Et une gouvernance qui peine à s’émanciper de modèles importés, loin des réalités locales.

Il devient impératif de rompre avec le mimétisme institutionnel. La démocratie africaine ne saurait se réduire à une copie de schémas occidentaux. Elle doit puiser dans les traditions du dialogue communautaire, du consensus, de la légitimité sociale. C’est dans cette synthèse entre modernité politique et sagesse ancestrale que réside notre avenir.

Mais aucun idéal ne prospère sans moyens. L’Union africaine ne pourra incarner la voix du continent si elle dépend encore des financements extérieurs pour ses initiatives. L’autonomie financière n’est plus un luxe : c’est une urgence. Financer nos projets par nous-mêmes, pour nous-mêmes, est la condition première d’une souveraineté retrouvée.

Des signes encourageants émergent. La récente Déclaration de Libreville, adoptée par les Présidents de Parlement autour des questions de transition politique, montre la voie d’un dialogue panafricain plus franc, plus exigeant, plus ancré dans le réel.

Ce 25 mai, bien au-delà des cérémonies protocolaires, doit résonner comme un appel à la cohérence. L’unité ne se décrète pas, elle se construit. La liberté n’est pas un legs figé, elle est un combat permanent. Et notre avenir commun ne se dessinera pas ailleurs — il se décide ici, maintenant, ensemble, dans la fidélité à ceux qui ont osé rêver l’Afrique.

Bonne fête à l’Afrique et à tous ses amis ! De Conakry avec le Général Mamadi Doumbouya à Addis-Abeba, du Caire jusqu’à Cape Town, célébrons l’unité et la grandeur du continent

 

Par Aboubacar SAKHO 

Expert en communication