Aboubacar Camara : ce que je retiens de l’homme, bien au-delà de la fonction.

 

Je n’ai pas connu Aboubacar Camara dans ses premières responsabilités, ni lorsqu’il animait les dynamiques communautaires à Dabola où il dirigeait l’ONG Tinkisso Antenna, encore moins durant les années qu’il a consacrées à son entreprise Tinkisso SARL. C’est plus tard, au croisement de nos missions respectives, que j’ai rencontré l’homme derrière la fonction et ce que j’ai découvert force le respect.

Nommé le 13 février 2022 à la tête de la Société des Eaux de Guinée (SEG), Aboubacar Camara ne s’est pas contenté d’occuper une fonction : il l’a incarnée avec une intensité rare, mêlant rigueur méthodologique, profondeur humaine et ardeur au travail. Il ne dissocie jamais la vision stratégique du quotidien des citoyens. Pendant deux ans et dix-neuf jours, il a été le visage d’un service public de l’eau qu’il voulait plus proche, plus juste, plus efficace.

Mais c’est moins la fonction que l’homme qui m’a marqué. Aboubacar Camara, c’est d’abord une présence : une parole directe, une colère juste, une sincérité qui dérange parfois mais qui élève toujours. Il ne crie pas pour se faire craindre il s’emporte parce qu’il aime que le travail soit bien fait. Il ne cherche pas à briller, il veut que ça avance. Sa voix porte, non parce qu’il l’élève, mais parce que sa conviction est ancrée dans une foi solide : celle du développement local, durable et souverain.

Car il n’y a chez lui aucune illusion sur l’aide extérieure. « Personne ne vient ici par charité », répète-t-il. « Ce pays ne sera transformé que par ceux qui y croient, qui y vivent et qui y travaillent ». Pour lui, la solution ne viendra jamais d’ailleurs. Elle se construira ici, avec nos intelligences, nos forces, nos ressources. Son parcours en témoigne : il a consacré plus de quinze ans de sa vie à bâtir, à relier, à former, à servir sur le terrain. Ce n’est pas un slogan : c’est son vécu.

Le 13 mars 2024, il est nommé Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, au sein du gouvernement de transition dirigé par Amadou Oury Bah. À peine installé, il est confronté à une double tempête : une crise énergétique aggravée par l’explosion du dépôt central d’hydrocarbures, et une sécheresse qui assèche les barrages hydroélectriques. Mais là encore, c’est la même méthode : retrousser les manches, rassembler les énergies, faire face avec courage et humilité.

Avec l’aide et le soutien sans faille des plus hautes autorités, Il prend des décisions difficiles mais nécessaires, explore toutes les alternatives : interconnexions régionales, centrales thermiques flottantes, intégration du secteur privé, réforme tarifaire silencieuse. Il sait s’entourer, écouter, corriger. Il sait aussi sourire au bon moment, détendre un cadre de réunion tendu, appeler un jeune collaborateur par son surnom ou son prénom en langue, et dire « merci » ou « bravo » là où il le faut. Et lorsqu’il faut bousculer les lenteurs, il n’hésite pas. Les protocoles, très peu pour lui. L’efficacité avant tout. Le plus important d’ailleurs, il est celui qui défend tout le monde, mais entre nous, sait dire clairement ce qu’il pense et le dit sans filtre.

Aboubacar Camara n’est pas un homme du paraître. Il est du genre à se rendre à l’improviste sur un chantier, à vérifier personnellement l’état des travaux, à lire les rapports ligne par ligne, à demander des comptes sans trembler, mais aussi à reconnaître les efforts et à encourager les méritants. Il fait partie de ces rares responsables pour qui la fonction ne crée pas l’homme, c’est l’homme qui donne du sens à la fonction.

Il le dit sans détour : « Nous sommes dix-sept millions. Je travaille chaque jour comme si c’était le dernier, comme si tout devait s’arrêter demain. » Cette philosophie, d’apparence simple, traduit en réalité une noblesse d’esprit : celle de servir sans s’attacher, d’agir sans attendre les honneurs, de croire à la grandeur d’un pays qu’il refuse de voir réduit à la fatalité.

Aboubacar Camara, c’est la preuve que la compétence peut aller de pair avec l’humilité, que la fermeté peut rimer avec humanité.

N’toma, merci pour tout, je m’en vais pour représenter la Guinée mais sache que je retiens de toi un homme au grand cœur, un homme profondément humain et sincère.

 

Par Aboubacar SAKHO

 Expert en communication auprès de l’OMVS-Dakar