Le pangolin, ni aliment, ni médicament mais régulateur de l’écosystème

La situation n’est guère meilleure pour le pangolin. Considéré à tort comme un élément déterminant dans l’émergence du Covid-19 et braconné, le pangolin de par sa ration, reste le régulateur parfait de l’écosystème. Pourtant, le pangolin reste menacé d’extinction, bien qu’il bénéficie depuis 2016, de la protection la plus élevée accordée par la CITES et ne peut donc plus être capturé dans la nature.

Même si le pangolin héberge du SARS-CoV-2, proche du coronavirus, aucune preuve formelle n’existe que ce mammifère, est responsable de la pandémie qui bouleverse le monde actuellement. Le chercheur Philippe Gaubert, d’ajouter : « Rien ne prouve que le pangolin soit une espèce intermédiaire dans la transmission du virus. Au contraire, différentes études montrent que ce n’est pas le cas ».

Très prisé pour sa chair délicate, il est aussi recherché par la médecine chinoise, ses écailles, ses os et ses organes étant considérés comme thérapeutiques, le pangolin joue un rôle formidable dans l’équilibre de l’écosystème. Mammifère qui se nourrit de termites et de fourmis mais aussi d’autres invertébrés qu’il capture à l’aide de sa langue imprégnée d’une substance gluante, le pangolin en avalant plus de deux-cent mille fourmis par jour, régule le nombre trop élevé de ses insectes qui ont une productivité galopante.

Ce mammifère, maillon essentiel du maintien des écosystèmes, joue un rôle dans la chaîne des forêts tropicales et sa disparition serait un bouleversement pour son écosystème. Selon les experts, sa disparition modifierait l’écosystème des forêts tropicales, en augmentant les populations de fourmis et de termites dont il se nourrit.

Son odorat aiguisé l’aide à trouver des proies sur ses terrains de chasse préférés : les termitières, les excréments d’éléphant, les feuilles à terre, les bases de troncs, les herbes et les buissons. Pour les chasser, il fouille le sol et le gratte avec ses longues griffes incurvées, casse les fourmilières ou arrache l’écorce des arbres pour dénicher les termites. Le pangolin permet donc de réguler la population de fourmis et de termites dans les forêts tropicales et dans les savanes.

Le fait de fouiller et de gratter le sol, le pangolin éparpille les produits contenant une fraction de l’azote sous forme organique qui offre l’avantage d’une fourniture par minéralisation lente et progressive au sol et aux arbres de la forêt. Ces produits contiennent également du carbone organique qui est une source de nourriture pour les microorganismes du sol. Ainsi, le fait de chercher sa ration, le pangolin favorise l’activité microbienne du sol et permet de reconstituer le stock de matière organique du sol pour compenser sa minéralisation annuelle.

Des chercheurs néerlandais ont observé l’évolution de la présence de tiques dans une vingtaine de forêts tropicales. D’après les recherches, plus les pangolins sont nombreux dans un milieu, moins les tiques sont porteuses de bactéries. Cela peut aller jusqu’à vingt fois moins, selon les zones étudiées. Le pangolin contribue ainsi largement à limiter la propagation de la maladie. Il peut donc apparaître d’une grande utilité dans la lutte contre la prolifération des bactéries qui détruisent à la fois les autres animaux et les feuilles des arbres.

Chaque pangolin est le destructeur de quelques millions de fourmis par an, particulièrement nuisibles, et de quelques millions de termines et volatiles le plus souvent maladroits ou malades. Dans l’équilibre de l’écosystème, il participe donc tout naturellement à la lutte pour la vie et à l’élimination des faibles.

Pourtant, près de 100.000 pangolins sont victimes chaque année en Asie et en Afrique d’un trafic illégal qui en fait l’espèce la plus braconnée au monde. Ayant un cycle de reproduction très lent, le pangolin est aussi recherché pour son cuir, que l’on retrouve sous forme de ceintures et de portefeuilles de luxe.

Selon certaines sources, le trafic de pangolin et
de ses écailles s’effectue au Togo par le port autonome de Lomé,  une plaque tournante de trafic des espèces protégées. Pourtant, les peines encourues pour cette infraction sont fixées par l’article 761 du nouveau code pénal : «La destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un (1) à cinq (5) ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million (1.000.000) à cinquante (50) millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code». Or le trafic des espèces fauniques conduit à l’extinction de nombreuses espèces animales mais va bien au-delà de la destruction de la biodiversité.

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