En 2025, un phénomène majeur secoue le continent africain : l’épidémie du départ des troupes françaises, une onde de choc qui bouleverse les relations entre la France et ses anciennes colonies. Après des décennies de présence militaire sur le sol africain, l’armée française se retire progressivement de plusieurs pays, laissant derrière elle des interrogations sur l’avenir de ces partenariats et l’impact sur la souveraineté des Nations africaines.
●Une présence militaire de longue date.
L’armée française est présente sur le sol africain depuis des décennies, principalement sous la forme de bases militaires et de missions de coopération. L’objectif initial de cette présence était de maintenir la stabilité dans une région en proie à des conflits internes et à des menaces extérieures, en particulier le terrorisme. En plus de son rôle de défense, l’armée française a été impliquée dans des opérations de maintien de la paix, de formation des forces locales, ainsi que de soutien en matière de sécurité et de logistique.
●Les raisons de cette présence étaient claires : d’abord, la France voulait préserver son influence en Afrique, maintenir des liens étroits avec ses anciennes colonies et lutter contre l’instabilité croissante dans certaines régions du Sahel, notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso, où des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont intensifié leurs attaques. Ces interventions ont été accueillies initialement avec une certaine gratitude, les Gouvernements africains espérant un soutien pour leur sécurité.
●Les raisons du départ.
Cependant, à partir des années 2020, la présence française a provoqué un fort rejet dans plusieurs pays africains. Les motifs du départ de l’armée française sont multiples, mais le plus évident reste la montée du nationalisme et des revendications de souveraineté. De nombreux Africains, notamment la jeune génération, ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme une forme de néocolonialisme, où la France continue de dominer les affaires intérieures de ses anciennes colonies.
En 2025, les pressions sur les Gouvernements africains pour mettre fin à la présence militaire française se sont intensifiées. Le sentiment général est qu’une présence militaire étrangère dans des pays supposément souverains est incompatible avec la véritable indépendance. Le retrait de l’armée française s’inscrit dans un contexte où des mouvements politiques et populaires réclament une révision des accords de défense et une réorientation des partenariats avec d’autres puissances mondiales, y compris la Chine et la Russie, qui gagnent en influence sur le continent.
●Le cas de la Côte d’Ivoire : un discours surprenant.
Le départ de l’armée française a pris une tournure particulière avec le discours du Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, prononcé à l’occasion du Nouvel An 2025. Dans un discours qui a surpris bien des observateurs, M. Ouattara a demandé, pour la première fois, le retrait des troupes françaises stationnées en Côte d’Ivoire. Cette déclaration a mis en lumière un changement de cap majeur dans la politique ivoirienne, qui a longtemps été un allié clé de la France en Afrique de l’Ouest.
La Côte d’Ivoire abrite l’une des bases militaires françaises les plus importantes en Afrique de l’Ouest, et son rôle a été crucial dans les interventions militaires menées dans la région, notamment lors de la crise politique et militaire qui a secoué le pays en 2010-2011. Toutefois, les récentes tensions politiques et les mouvements populaires en faveur de l’indépendance et de la souveraineté ont poussé Ouattara à prendre cette décision radicale. La demande de départ de l’armée française en Côte d’Ivoire est perçue comme un signal fort de rupture avec un passé colonial et un souhait de redéfinir la relation de la Côte d’Ivoire avec la France.
●Une question de souveraineté : l’absurdité des bases militaires étrangères ?
Il est légitime de se demander s’il est normal qu’un pays indépendant continue d’abriter des bases militaires d’un autre pays, fût-il l’ancien colonisateur. La présence de ces bases pose la question de la véritable indépendance d’un pays. En effet, même si ces accords sont souvent justifiés par des considérations sécuritaires et économiques, ils soulèvent des inquiétudes sur la possibilité d’un contrôle national effectif des affaires internes.
Les bases militaires étrangères sur le sol africain sont un vestige du passé colonial, un héritage complexe qui mêle des accords bilatéraux à des intérêts stratégiques. L’argument selon lequel ces bases assurent la stabilité et la sécurité des États africains est de plus en plus discuté. D’un côté, la présence de troupes étrangères est perçue comme une nécessité pour lutter contre le terrorisme, mais de l’autre, elle est vue comme une ingérence dans les affaires souveraines, renforçant l’idée que certains États africains ne sont pas en mesure de se défendre seuls.
●L’ère du changement : une Afrique qui revendique son indépendance.
L’année 2025 marque ainsi un tournant dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Le départ de l’armée française d’Afrique est le symptôme d’un désir croissant de souveraineté de la part des Nations africaines. Les bases militaires françaises, symboles d’un passé colonial, sont désormais perçues comme un fardeau. Ce phénomène, bien qu’encourageant du point de vue de l’indépendance et de la prise en main des affaires africaines, soulève également des interrogations sur l’équilibre entre coopération internationale et souveraineté nationale.
Alors que les pays africains cherchent à redéfinir leurs alliances et leurs relations diplomatiques, le départ de l’armée française est une étape vers une Afrique qui souhaite affirmer pleinement son indépendance sur le plan militaire et politique. Mais la question demeure : après le départ des troupes françaises, quel avenir pour la sécurité et la stabilité de l’Afrique, face aux nouvelles dynamiques géopolitiques mondiales ? La réponse résidera dans la capacité des États africains à se réorganiser, à renforcer leurs propres capacités de défense et à diversifier leurs partenariats internationaux.
Par Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste