Mali: Human Rights Watch interpelle les autorités sur l’exécution de prisonniers par l’armée à Diafarabé
Au Mali, Human Rights Watch (HRW) interpelle les autorités maliennes de transition sur l’exécution d’au moins 22 hommes par l’armée à Diafarabé. RFI avait révélé cette sordide affaire la semaine dernière : lundi 12 mai, les soldats maliens ont arrêté 27 personnes sur le marché à bétail de Diafarabé, région de Mopti, dans le centre du Mali. Au moins 22 corps, selon Human Rights Watch ont été retrouvés égorgés. L’armée malienne a déjà annoncé l’ouverture d’une enquête.
« Le meurtre d’au moins 22 hommes détenus par l’armée impose aux autorités maliennes, selon Human Rights Watch (HRW), de démontrer la crédibilité de leur enquête et d’en rendre publiques les conclusions ». L’ONG de défense des droits humains précise avoir sollicité les autorités de transition avant la publication de son enquête, sans obtenir de réponse. Cinq témoins directs des arrestations menées par l’armée à Diafarabé et un rescapé – un prisonnier ayant réussi à s’enfuir – ont été interrogés, ainsi que plusieurs autres sources indirectes « au courant des faits ».
Human Rights Watch confirme que les soldats maliens ont pris 27 hommes sur le marché à bétail – 22 Peuls formellement identifiés et cinq autres, parmi lesquels un Tamasheq, dont les noms ne sont pas connus. « Ils leur ont attaché les mains dans le dos avant de les emmener vers le fleuve et de leur bander les yeux », raconte un témoin. Après trois jours sans aucune information, ce qui avait provoqué la colère des habitants et des manifestations, 19 personnes sont escortées par l’armée à l’endroit où les prisonniers avaient été emmenés, rapporte l’ONG de défense des droits humains.
Ils y découvrent au moins 22 corps dans des fosses communes « mal creusées » : « tous les hommes avaient la gorge tranchée, certains semblaient presque décapités » témoigne encore le fils de l’une des victimes. « Ils ont pris les gens par petits groupes de deux ou trois et leur ont tranché la gorge, a quant à lui raconté le rescapé, j’entendais des cris stridents ».
La semaine dernière, tout en annonçant l’ouverture d’une enquête, l’armée avait dénoncé des allégations « instrumentalisées à des fins subversives ».
RFI