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En sommet à Addis Abeba, l’Union africaine veut « faire taire les armes » en Afrique

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Les dirigeants des pays africains membres de l’Union africaine sont réunis, dimanche et lundi, en Éthiopie avec comme objectif affiché d’oeuvrer à la résolution des conflits sur le continent.

Le sommet annuel de l’Union africaine (UA) s’est ouvert, dimanche 9 février, à Addis Abeba sur le constat amer de la multiplication des conflits sur le continent, ainsi que l’ambition affichée de l’organisation de peser plus en vue de leur résolution.

Après plusieurs sommets lors desquels les réformes de l’UA – notamment son financement – et la mise en place de mesures telles que la Zone de libre-échange continentale (Zlec) ont occupé le devant de la scène, les débats se sont concentrés sur les conflits africains, comme en atteste le thème du rendez-vous continental : « Faire taire les armes ».

Évoquant « le terrorisme, les conflits intercommunautaires et les crises pré- et post-électorales », le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a évoqué la variété des problématiques auxquelles l’Afrique doit faire face.

Et rappelé que si l’UA a récemment permis de faire avancer la paix en Centrafrique et au Soudan, de nombreux conflits persistent, Libye et Soudan du Sud en tête, tandis que d’autres sont nés, notamment au Mozambique et au Cameroun.

Appelant à assortir l’action militaire au combat contre les « causes profondes » des conflits, comme la pauvreté ou l’exclusion, Moussa Faki s’est fait l’écho de la volonté de l’UA d’occuper un rôle plus important dans la résolution des conflits du continent et de cesser de laisser la main aux puissances et organisations extérieures.

« Des solutions africaines aux problèmes africains », a-t-il martelé, alors que de nombreux observateurs, en amont du sommet, ont mis en exergue l’échec de l’engagement pris par l’UA en 2013 de « mettre un terme à toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020 ».

« Nous allons concentrer notre travail sur la résolution des conflits »

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a succédé dimanche à l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, prenant pour un an la tête de l’Union africaine, a confirmé l’orientation de son action, et convoqué un sommet spécial pour le mois de mai, portant sur la résolution des conflits, mais aussi sur la mise en œuvre de la Zlec.

« Nous allons concentrer notre travail sur la résolution des conflits », a dit Cyril Ramaphosa, dont le successeur en 2021 à la tête de l’UA sera le président congolais, Félix Tshisekedi.

Samedi soir, dans la foulée de la médiation assurée par le vice-président sud-africain Davidi Mabuza, Cyril Ramaphosa a rencontré séparément le président sud-soudanais Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar, afin de donner un nouvel élan au dialogue.

Car si les deux hommes ont signé en septembre 2018 un accord de paix, la formation d’un gouvernement d’union nationale a été reportée à plusieurs reprises et aucun accord ne semble en vue alors qu’approche une nouvelle date-butoir, le 22 février.

Sur le dossier libyen, géré principalement par l’ONU et dans lequel l’UA s’est récemment plainte d’avoir été « systématiquement (…) ignorée », les rangs africains se sont resserrés autour de l’initiative d’un forum de réconciliation proposée fin janvier lors d’un sommet organisé par le comité de l’UA sur la Libye.

Antonio Guterres présent au sommet de l’UA

Une initiative soutenue par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, présent à Addis Abeba, et qui avait dit comprendre samedi la « frustration » de l’UA, jusqu’à présent « mise à l’écart » dans le dossier libyen.

Après avoir samedi appelé à un rôle plus
important pour l’UA, le secrétaire général des Nations unies a assuré dimanche qu’un « nouveau cadre de coopération » entre l’UA et l’ONU a été établi pour le dossier libyen.

Entre les dissensions internes et le financement insuffisant des missions de maintien de la paix, l’UA aura pourtant fort à faire pour devenir un acteur de poids dans la résolution des conflits.

À ce titre, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), l’UA devrait inclure dans ses priorités la finalisation d’un accord avec l’ONU afin que celle-ci finance à hauteur de 75 % ses missions de maintien de la paix approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Un dossier qu’Antonio Guterres a évoqué dimanche devant l’UA. Les missions de maintien de la paix africaines doivent « jouir d’un financement prévisible garanti par des contributions obligatoires », a-t-il plaidé.

Car l’enjeu de la paix est de taille pour l’Afrique, au moment où l’UA multiplie les initiatives en vue du développement économique du continent ou pour lutter contre les violences faites aux femmes, a rappelé Cyril Ramaphosa, selon lequel ces objectifs passent par la paix.

 AFP/France 24

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