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Canada: des scandales sexuels dans l’armée éclaboussent des haut-gradés et le gouvernement

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Le gouvernement canadien et les têtes dirigeantes de son armée se retrouvent dans une position délicate depuis quelques semaines. Le chef d’état-major a même dû démissionner de ses fonctions, un mois et demi à peine après sa nomination. Au cœur de ce scandale, de possibles inconduites sexuelles de hauts-gradés et le silence du ministre de la Défense à ce sujet.

On a appris que l’ancien chef d’état-major de l’armée, qui a pris sa retraite à la fin de l’année, aurait entretenu une liaison avec une subalterne pendant dix ans, ce qui est formellement interdit par les règlements. En sus, il aurait envoyé un courriel salace à une jeune employée. Lors de nomination en 2015, l’amiral McDonald avait pourtant lancé l’opération « Honneur » pour mettre fin à une culture de l’impunité face au harcèlement sexuel dans les rangs de l’armée.

En février 2021, son successeur, tout juste arrivé en poste, fait lui l’objet d’une enquête pour des gestes inappropriés. Éclaboussé par le scandale, il renonce à ses fonctions.  Ces différentes affaires embarrassent au plus haut point le gouvernement canadien. Et ce, alors que le ministre de la Défense a changé sa version des faits en comparaissant à deux reprises devant un comité parlementaire. Il a finalement admis connaître depuis au moins trois ans plusieurs des allégations concernant de ces hauts-gradés de l’armée. Mais il n’a pas agi, tout comme les proches du Premier ministre.

Difficultés dans les enquêtes

Tout cela nuit au Premier ministre Justin Trudeau, lui qui aime à se présenter comme un dirigeant féministe. Déjà, il y a six ans, un rapport signé par une ancienne juge de la Cour suprême recommandait de sévir contre les agressions ou harcèlements à caractère sexuel. Or, ses directives sont restées lettres morte. Récemment, un officier a même témoigné à un média canadien des difficultés qu’il a rencontré auprès de ses supérieurs alors qu’il enquêtait sur des agressions sexuelles.

Manifestement, l’esprit de corps empêche les dirigeants de sévir contre ceux et celles qui continuent à user de leur pouvoir pour agresser ou harceler leurs collègues, en particulier lorsqu’ils se trouvent à la tête des forces armées. Face à ces révélations en cascades, le Premier ministre a annoncé la mise en place d’un organisme externe aux forces armées, et indépendant de l’état-major, afin d’agir contre les agresseurs.

Pour la première fois, une femme vient d’accéder au poste de vice-chef d’état-major de la défense, soit numéro deux de l’armée canadienne. Peut-être un signe que les choses vont enfin changer à la tête des forces armée canadiennes.

RFI

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